Grand Rouen/ Rue 89 du 05/12/2011

Les orthophonistes se font entendre

Publié le 05 décembre 2011 par Matthieu Monier

Dans leur gilet jaune fluo, les orthophonistes seinomarins ont dansé et chanté devant la préfecture à Rouen ce lundi midi. Une ronde pour faire entendre leurs revendications. Passant entre les gouttes, profitant de l’accalmie ensoleillée, ils étaient près de 60 professionnels à accompagner la délégation partie rencontrer l’adjoint au secrétaire du cabinet du préfet à Rouen. Sur les 250 orthophonistes de Seine-Maritime, la mobilisation est importante, et témoigne du malaise de la profession.

S’ils ont bravé le froid de midi, ils sont «inquiets pour l’avenir». Aujourd’hui, l’Etat leur propose de créer deux diplômes au lieu d’un à l’heure actuelle. La réforme du gouvernement, annoncée par Xavier Bertrand le 28 octobre, répartirait les orthophonistes entre un Master 1 généraliste, et un Master 2 pour des professionnels en capacité de prendre en charge des patients atteints de maladies neuro-dégénératives (Parkinson, Alzheimer), les victimes d’AVC et les enfants sourds.

«Ca ne servira pas le patient, martèlent les manifestants. Les pathologies ne changeront pas, elles seront soignées de la même façon que ce qu’on fait aujourd’hui. Mais avec ce double niveau, certains patients qui étaient pris en charge près de chez eux seront obligés de se déplacer loin de leur domicile pour voir un orthophoniste spécialiste». Pas facile pour un malade atteint d’Alzheimer ou après un grave accident vasculaire cérébral… Des kilomètres en plus, des études en plus, des consultations plus chères : le système coûterait bien plus qu’il ne rapporterait, à les écouter. Sans compter qu’il va à l’encontre des espoirs des orthophonistes, qui rêvent depuis longtemps d’une profession « estampillée » Master 2 pour tous les orthophonistes.

L’adjoint les a écoutés, justement, avant de transmettre l’information au préfet, qui les transmettra à son tour à l’Etat. «Nous ne nous attendions pas à des miracles», explique Geneviève Linard, présidente de la fédération nationale des orthophonistes de Seine-Maritime, «car ce n’est pas ici que ça se décide. Mais il est important que des petites voix remontent de partout afin d’être entendus.» Une question clef pour ces professionnels, on s’en doute.

Et il ne faudrait pas sourire de cette petite ronde en gilet jaune devant la Préfecture : la profession se mobilise derrière sa fédération nationale dans toute la France dans un bras de fer avec le ministre.

Le site de la Fédération Nationale des Orthophonistes
Un document pour mieux comprendre les revendications des orthophonistes et les conséquences de la réforme gouvernementale ici